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C'ÉTAIT PAS DU BOURGOGNE

Un site autour du film de Mathias de Panafieu

Reviews

Le court métrage

Année : 2020
Durée : 6’36
Genre : Animation
Réalisé par : Mathias de Panafieu

Produit par Xbo Films

Ce film a bénéficié de l’aide financière de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée
en partenariat avec le Centre national du cinéma et de l’image animée.

Synopsis _

Un grand-père raconte à son petit-fils ses souvenirs de la Seconde Guerre
mondiale, lorsqu’il a traversé le Jura et combattu sur le front en Alsace.
Son récit, à la fois drôle et grave, lui fait remonter le temps pour revivre
une jeunesse aussi bien exaltante que dangereuse.

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Pourquoi montrer ce film ? _

Contrairement à un témoignage classique, ce documentaire utilise l’animation
pour transfigurer le corps et la voix d’un ancien soldat afin de retracer son histoire d’une manière sensible et poétique. Son parcours renvoie au destin de tous les autres hommes engagés dans la guerre.

JACQUES D’IVERNOIS ET SES REPRÉSENTATIONS GRAPHIQUES © Mathias de Panafieu et Le JSL

La genèse du projet

Le réalisateur Mathias de Panafieu rend visite à ses grands-parents lorsqu’il propose un jour à son grand père d’enregistrer sa voix pour faire un film d’animation autour de ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale.
Jacques d’Ivernois (1924-2015) a rejoint la Résistance à dix-sept ans avant de se rallier aux Forces françaises libres du général de Gaulle, ce qui lui vaudra d’être décoré de la Croix de guerre 1939-1945. Son récit oral inspire et guide la création picturale, réalisée en 2D à partir de dessins sur papier dans des studios d’animation toulousains avec la complicité de Sonia Gerbeaud en 2018. Produit par la société Xbo Films, à qui on devait déjà le film animé Lettres de femmes sur la Grande Guerre, C’était pas
du Bourgogne a été diffusé sur Canal+ en 2020 et sélectionné dans plusieurs festivals l’année suivante.

Le réalisateur

Mathias De Panafieu _

Né en 1986, il obtient son baccalauréat option arts plastiques au Lycée Fénelon de Paris avant d’intégrer l’École européenne supérieure de l’image (ÉESI) de Poitiers d’où il sort diplômé en 2007. Il traverse ensuite l’Amérique du Sud et la Nouvelle-Zélande avec sa camarade d’études Sonia Gerbeaud. Leur voyage est à l’origine de leur premier court métrage d’animation, coréalisé ensemble en 2014 et intitulé Oripeaux. Ce conte met en scène une petite fille confrontée à la violence d’un groupe d’hommes chassant des coyotes. Alors que le duo travaille sur un nouveau film nommé Radio-Pilotis, Mathias de Panafieu disparaît brutalement à l’âge de trente-deux ans en 2019.
Le film ayant été finalisé de façon posthume, C’était pas du Bourgogne est dédié à sa mémoire.
© Droits réservés

Pistes pédagogiques _

Comment le réalisateur représente-t-il les hésitations de son grand-père à l’image ? Selon vous, a-t-il forcément choisi de combler tous les manques ? Pourquoi ?

QUAND PASSÉ ET PRÉSENT S’ENTREMÊLENT

Le récit rétrospectif du grand-père repose sur un brouillage temporel : un fondu enchaîné permet progressivement à la voix de « Jacques vieux » de se faire entendre dans l’image du corps de « Jacques jeune », rendant ainsi son histoire encore plus vivante et authentique. Tout au long du film, le personnage est à la fois physiquement projeté dans le passé tout en restant en permanence connecté au présent à travers son entretien avec son petit-fils. Celui-ci privilégie la technique du plan-séquence afin de faire ressortir la spontanéité et la vivacité des paroles de son grand-père, au point parfois de créer quelques interférences spatio-temporelles. Le réalisateur parvient à les intégrer malicieusement au sein de sa narration visuelle. Par exemple, un papier qu’on peut supposer déplié sur la table du salon se transforme en carte militaire, ou bien la toux du vieil homme pendant l’interview exprime le froid du jeune soldat dans la neige, comme si l’imagination du dessinateur pouvait elle aussi participer à la reconstitution du passé.

LE CRAYON AU SERVICE DE LA MÉMOIRE

Les dessins donnent l’impression d’être simplement esquissés, comme une suite de rapides croquis saisis sur le vif, à l’écoute des mots du grand-père. Les contours du décor s’assemblent en fonction de ses souvenirs, puis disparaissent aussitôt dans le mouvement continu de l’action racontée, traduisant ainsi les soubresauts de la mémoire du vieil homme. Le choix chromatique du noir et blanc ne sert pas seulement ici à marquer la trace du passé, il souligne aussi la tragédie de l’histoire vécue par Jacques en faisant notamment ressortir sa blessure au visage ou encore les flammes du village de Widensolen. Néanmoins, sa voix rieuse parvient quelquefois à colorer les images avec des anecdotes insolites, comme celle du dédommagement financier entre le colonel et le propriétaire de la maison dans le Jura. L’humour a permis au jeune soldat de supporter les dangers et de sourire juste avant de frôler la mort. Son parcours individuel rend hommage au courage et à la force de tous les combattants.

Pistes pédagogiques _

Quel est le sens de l’expression « C’était pas du Bourgogne » dans la bouche du grand-père ? Quelles seraient les intentions du réalisateur en la choisissant pour titre ?

Pistes pédagogiques _

Selon vous, pourquoi avoir fait le choix de terminer le film sur un deuxième coup de téléphone ?

UN ACTE DE TRANSMISSION ORAL ET ÉCRIT

Le film s’ouvre sur un dialogue de sourd entre Jacques et une dame faisant du démarchage téléphonique. Le réalisateur rétablit l’écoute en laissant la possibilité à son grand-père de s’exprimer, lui qui ne pouvait « plus placer un mot » au téléphone. Jacques est indiscutablement l’auteur et l’acteur principal de sa propre histoire, mais son petit-fils Mathias joue aussi un rôle indispensable de passeur avec son carnet à dessin et son enregistreur posés sur la table du salon. Même si c’est à lui que son grand-père s’adresse au début du film, le jeune homme s’efface progressivement afin de laisser le personnage de

Jacques regarder les spectateurs et dialoguer avec eux face caméra. Nous devenons à notre tour témoins du passé, comme un passage de relais, pour ne pas oublier. Si le réalisateur a choisi de nous faire entendre la respiration de son grand-père pendant le générique de fin, c’est sans doute pour mieux transmettre un souffle indispensable à la perpétuation du récit.

Prolongements pédagogiques

Proposition d'activité _

Nous proposons aux spectateurs de se mettre dans la peau de Jacques et d’imaginer un autre de ses souvenirs en s’inspirant de ceux qui ont déjà été suggérés dans le film. Il peut s’agir par exemple d’une explication cocasse sur le démontage des pneus de la voiture du préfet, ou bien des origines de la référence à la fameuse bouteille de Bourgogne, ou encore de l’arrivée au poste de secours des soldats américains. Le récit pourra se faire par écrit ou à l’oral, l’essentiel sera avant tout de garder la truculence des mots et des expressions du vieil homme. Il est bien évidemment possible de mettre à profit ses connaissances historiques voire familiales pour enrichir sa production textuelle ou sonore. Un dessin sera également le bienvenu pour accompagner et illustrer son travail. L’objectif de cette activité est de parvenir à comprendre et à prolonger cette histoire en se l’appropriant.

À destination des enseignant·e·s _

Le film aura particulièrement sa place en cours d’histoire-géographie, notamment en classe de terminale pour étudier la Seconde Guerre mondiale et la violence du conflit. Un visionnage serait également intéressant pour les élèves de seconde en classe de français au niveau de la construction du récit autobiographique.

Une oeuvre en écho _

Josep d’Aurel (2020).

Un dessin fait soudainement replonger Serge dans ses souvenirs. Il raconte à son petit-fils Valentin la Retirada et sa rencontre avec l’artiste espagnol Josep Bartolí.

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Textes rédigés par Romain Gimenes, enseignant de lettres et de cinéma en lycée.
Photogrammes du film © XboFilms